Le livre :
Assassinats de scientifiques,
scandale pharmaceutique, manipulations et leurres jaillissent autour dAntoine, avocat
soudain propulsé dans l'univers amoral et cruel des laboratoires.
Un thème que P. Autrive explore de telle sorte que son héros et ses lecteurs se sentent absolument cernés, piégés, oppressés à mesure que le roman se fait de plus en plus nerveux et
mortifère.
Voici donc une oeuvre dont vous êtes, de part en part, le jouet, certainement inconscient du cynisme dont peuvent faire preuve certains individus.
Extrait 1:
«Et c'est comme ça que tout s'est terminé ! Van Gogh ne s'est pas suicidé, non, il a été assassiné !» Sans ambages, Pauler commençait à refaire l'histoire, narrait le rôle singulier du Docteur
Gachet, mêlait Toulouse Lautrec à la vie de Van Gogh et concluait qu'on avait qu'à exhumer les dépouilles de Vincent et Théo pour voir, après tout s'ils s'y trouvaient encore !
La salle était pleine à craquer pour écouter l'érudit qui enchaînait conférence sur conférence. Ici des étudiants en goguette ou des apprentis éclairés, là des
mères de famille curieuses s'en revenant du marché local un cabas plein au bout des bras, et tout devant des exégètes convaincus du bien-fondé de la supercherie bien-pensante.
Pensif, Pauler lissait machinalement son bouc blanc.
«Prenez Lautrec, là encore il y a falsification de l'histoire ! N'a-t-on pas écrit qu'il s'était cassé les deux jambes alors qu'on lui a brisé l'autre sauvagement pour qu'il les ait à la même
taille !... Avez-vous jamais lu qu'il serait vraisemblablement le père de Maurice Utrillo qui pourrait, il est vrai, tout aussi bien être le fils de Vincent Van Gogh, puisque tous deux
entretenaient des liens amoureux avec Suzanne Valadon !... Voyez comment l'Histoire de l'Art artistiquement correcte dissimule les faits !...»
L'orateur remportait un franc succès. Ancien agent de la SNCF reconverti à l'expertise des oeuvres d'art, il avait ce talent de conteur qu'on écoute non pas parce qu'on comprend mais parce qu'on
y croit. Antoine n'en perdait pas une miette et, l'oeil approbateur, répondit au signe de bienvenue que lui glissait Pauler. Il y croyait à l'assassinat de Van Gogh pour l'amour d'une femme, de
même qu'il croyait à la tromperie du Docteur Gachet pour avoir prêté l'oreille à ces affaires dont on parle à voix basse dans les couloirs du Palais : Les Tournesols, Le Jardin d'Auvers et tant
d'autres tableaux, adjugés dans les plus célèbres salles des ventes à des Japonais naïfs qui, de retour à l'empire du soleil, s'interrogent et mettent en doute l'authenticité de la toile acquise.
Extrait 2 :
«Un grincement éloigné de porte en fer le fit tressaillir. Il fit volte-face et discerna un rai de lumière qui filtrait sous la porte dentrée. Des pas lourds sapprochaient dans lescalier à un
rythme régulier ponctué par un silence à chaque palier. Juste en dessous un chien aboyait. Antoine connaissait cette démarche. Les bruits de pas étaient alternativement suivis dun autre bruit
qui ressemblait fort à un frottement de mains gantées sur la rambarde cirée de lescalier en bois. Bientôt la sonnette de l'appartement retentit. Antoine n'alla pas plus ouvrir quil ne trouva
le courage de lorgner par le judas. Pétrifié, sur le qui-vive, il se collait au mur au plus près de la porte ouverte du salon.»
L'auteur:
Philippe Autrive naît en 1958 à Paris. Il passe sa jeunesse dans une cité HLM de la banlieue sud, au Plessis-Robinson. Après avoir été instituteur, il «fait son droit», devient avocat et
s'engage dans la défense du droit des Artistes, des Malades et des Malentendants.