La plus grande
escroquerie que nous ayons pu connaître jusqu'à présent ! Et tout cela pour enrichir les amis et la famille de Nicolas Sarkozy et favoriser les profits des Laboratoires
pharmaceutiques.
"Nous avons acheté 10% des vaccins du
monde"
NOUVELOBS.COM | 04.01.2010 | 23:21
Le professeur et député UMP Bernard Debré joint sa voix aux critiques qui fusent contre la
campagne de vaccination contre la grippe H1N1 menée par le gouvernement. PS et NC réclament une commission d'enquête tandis que le lobby des laboratoires est montré du
doigt.
Bernard Debré (AP)
La virulente polémique sur
la campagne de vaccination contre l'épidémie de grippe A (H1N1) est montée d'un cran, lundi 4 janvier. Alors que gouvernement et laboratoires
pharmaceutiques sont montrés du doigt, le PS et le Nouveau Centre ont demandé une commission d'enquête parlementaire sur la campagne de vaccination.
Parmi les voix accusatrices, le professeur de médecine et député UMP Bernard Debré a dénoncé le manque de prudence de la France qui a "acheté 10% des vaccins du
monde". A l'UMP, on défend la gestion de l'épidémie : "Imaginez un seul instant, si le gouvernement n'avait pas pris de telles précautions et que la pandémie avait
été ce que l'on craignait à l'époque", a répliqué le porte-parole adjoint de l'UMP. Bernard Kouchner s'est, lui, dit "scandalisé par le scandale".
"10% des vaccins du monde"
"Nous avons le tiers du Tamiflu mondial, qu'on est en train de fourguer aux pharmacies ; nous avons 10% des vaccins du monde", a lancé Bernard Debré, sur
RTL.
"Le coût est plus que le déficit de tous les hôpitaux français, trois fois le plan cancer, il fallait peut-être un peu plus de prudence", a-t-il
ajouté.
"Il y a eu en juillet une pression des laboratoires absolument
fantastique", a souligné le député. "Je comprends qu'on ait pu céder à la tentation des laboratoires", a-t-il ajouté, dénonçant également le "principe absurde, poussé à l'extrême,
de précaution".
Bernard Debré, qui s'est lui-même fait vacciner, a par ailleurs exclu "un deuxième pic aussi virulent que le premier". "Ce n'est pas possible étant donné qu'il y a des barrières,
les gens vaccinés, les gens qui ont été en contact (avec le virus pandémique, NDLR)", a-t-il estimé.
En juillet dernier, le professeur affirmait déjà que la mobilisation contre la pandémie "ne servait qu'à nous faire peur", parlant alors
de"grippette".
Sur France Info cette fois, il a estimé que la France dispose de quelques 50 à 70 millions de vaccins en trop. Un stock difficile à écouler au prix coûtant, comme annoncé, à cause
des dates de péremption, a-t-il souligné, évaluant le coût total de la campagne contre la grippe A à 2 milliards d'euros. Au final, "c'est nous qui allons payer", a-t-il
conclu.
"Tout ceci était prévisible", a aussi estimé le professeur Marc Gentilini, spécialiste des maladies infectieuses. "Jouer le piren'était pas forcément jouer juste et ceci
se fait au détriment d'autres problèmes de santé publique, nationaux ou internationaux", a-t-il fait remarquer.
La stratégie gouvernementale critiquée
Pour François Bayrou, en revanche, pas question de jeter "la pierre au fait qu'on ait pris des précautions". Le président du Mouvement Démocrate (MoDem) a
critiqué, sur France Info, "le procès sur trop de doses" de vaccins fait au gouvernement.
"La faute stratégique a été de ne pas associer les généralistes, de ne pas demander à chaque Français de se faire vacciner par son médecin et de passer par cette procédure, qui a
été si incroyablement difficile à mettre en place et à gérer, des centres de vaccination", a-t-il estimé. "Il y a eu là une faute très lourde de la part du gouvernement", a
insisté le leader centriste.
Le socialiste Pierre Moscovici qualifie lui, de "dérapage" l'achat massif de vaccins. "On a acheté trop de vaccins, cela profite à l'industrie
pharmaceutique de façon assez éhontée, cela a un coût pour les finances publiques, de un à 2 milliards d'euros, alors que celles-ci sont quand même dans une
situation extrêmement difficile, et cela prouve que l'on a poussé beaucoup trop loin le principe de précaution sans aller dans le principe de responsabilité", a-t-il dénoncé.
"Nous avons suréagi, dans des conditions économiques imprévoyantes et des conditions de finances publiques aberrantes", a également déploré Pierre Moscovici.
De son côté, William Dab, ancien directeur général de la santé, estime dans un entretien au Monde que la question du surplus est"une mauvaise
querelle". "Au moment de la commande, en juin-juillet, il était assez logique de se mettre en position de pouvoir vacciner toute la population, partant sur l'hypothèse de
deux doses nécessaires à une bonne efficacité", affirme-t-il.
"N'importe quel ministre aurait pris cette décision, étant donné la grande incertitude dans laquelle nous étions à l'époque". "La seule chose constante avec le virus de la grippe
est son imprévisibilité". Cependant, l'ancien directeur général de la santé souligne "qu'il a manqué des instances de débat sur les incertitudes et leurs
implications". William Dab rappelle qu'en France "le débat est compliqué par la succession d'échecs de sécurité sanitaire (sida, vache folle, hormone de croissance, canicule...),
qui ont engendré une défiance de l'opinion et une logique de rachat chez les politiques".
PS et NC réclament une commission d'enquête
Le député PS Jean-Marie Le Guen, également président du Conseil d’administration des hôpitaux de Paris, a, lui, réclamé une mission
parlementaire pour faire le bilan de ce qu'il a qualifié d'"échec" du gouvernement dans la campagne de vaccination contre la grippe H1N1.
"La politique vaccinale est malheureusement un fiasco" aboutissant "à ce que nous ayons le plus faible taux de personnes vaccinées des pays développés", a
estimé le député.
"Tous les scientifiques français ont attiré l'attention du gouvernement sur le fait que la façon dont il faisait n'était pas la bonne", a également soutenu Benoît Hamon. Selon
lui, "tout cela est inquiétant sur la gouvernance" à un moment "où nous avons si peu d'argent, où nous sommes tellement endettés".
Pierre Moscovici s'est également déclaré favorable à une mission parlementaire, jugeant qu'elle est nécessaire "pour voir dans quelles conditions il y a eu
un dérapage".
"Ce gouvernement n'a pas été écouté ceux qui savent, ce n'est pas la première fois, il y a un mépris pour le savoir, il y a une gestion par la peur", a renchéri sur France 2
l'eurodéputé Vincent Peillon.
Même constat du côté du Nouveau Centre, qui a également demandé, dans un communiqué signé de Jean-Christophe Lagarde, député-maire de Drancy et président
exécutif du Nouveau Centre, "une commission d'enquête parlementaire sur la manière dont a été programmée, expliquée et gérée la campagne". "La France est en
échec dans cette affaire, où on voit que notre pays fait partie de ceux qui ont le taux de vaccination le plus faible, malgré une débauche de moyens", a-t-il
estimé.
"L'Assemblée nationale doit créer une commission d'enquête pour aider notre pays à mieux se préparer à l'avenir. Face à ces véritables enjeux, la polémique sur la vente des
surplus de vaccins, ce que font de nombreux pays européens, apparaît comme anecdotique et purement politicienne", a-t-il également affirmé.
La revente de vaccins aussi en ligne de mire
La revente des surplus de vaccins contre la grippe A (H1N1) est en effet l'autre sujet de
crispation.
Pour Benoît Hamon, les laboratoires pharmaceutiques sont "les grands vainqueurs dans cette affaire". "Je trouve ça pour le moins
curieux qu'on achète pour l'équivalent de 90 millions" de doses de vaccin et que "70 millions, c'est-à-dire qu'à peu près deux tiers, n'ait pas été utilisé", a déclaré le
porte-parole du PS sur Canal+.
Il a dénoncé de la part du gouvernement "une campagne bien anxiogène pour essayer d'écouler les stocks" et le fait qu'il tente "de justifier qu'on ait payé
l'équivalent d'un milliard d'euros aux labos pharmaceutiques qui sont les grands vainqueurs dans cette affaire".
Pour François Bayrou, il y a "quelque chose d'un peu choquant dans cette revente de vaccins" décidée par le gouvernement pour écluser les stocks, alors
qu'"il y a tellement de pays pauvres dans le monde" envers lesquels on pourrait avoir "un vrai geste de solidarité active". "On a pris des précautions peut-être
excessives, au moins ne nous donnons pas le ridicule de ce qu'on est en train de faire en vendant à l'encan ces doses de vaccins", a-t-il déclaré.
Au total, la campagne de vaccination et de prévention contre la grippe A aurait coûté près de 2 milliards d'euros, alors que seulement 5 millions de Français
ont été vaccinés pour 94 millions de doses commandées. Afin d'alléger la facture, le gouvernement a décidé de "revendre une partie du stock", a précisé une
porte-parole du ministère de la Santé.
Le Qatar a déjà acheté 300.000 doses et la négociation est bien engagée avec l'Egypte pour 2 millions de doses, précise le
ministère. Des négociations sont également en cours avec le Mexique et l'Ukraine.
L'UMP justifie les stocks
De son côté, l'UMP a justifié l'importance des stocks de vaccins. "Il y avait, à l'époque à laquelle on a acheté ces vaccins, nécessité de deux injections,
nous avions tablé sur une pandémie durable - il faut toujours envisager les hypothèses les plus graves - et sans doute un engouement plus grand des Français pour la vaccination",
a expliqué Dominique Paillé, porte-parole adjoint de l'UMP, sur France-Inter.
"Cela étant, aujourd'hui le constat c'est le recul de l'épidémie, nous allons sortir de l'hiver en ayant eu, et c'est tant mieux, un minimum de dégâts causés par la grippe A",
a-t-il poursuivi. "Imaginez un seul instant, si le gouvernement n'avait pas pris de telles précautions et que la pandémie avait été ce que l'on craignait à l'époque, les
accusations qui auraient été portées, notamment contre la ministre de la Santé et le chef du gouvernement", a-t-il ajouté.
Quant à la demande d'une mission information parlementaire sur la gestion et le coût de la grippe, le porte-parole adjoint de l'UMP a estimé que
"c'est au parlement à se prononcer". "J'ai toujours défendu la transparence à une condition, que ce ne soit pas une vision polémique", a-t-il
ajouté.
Le porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre, également porte-parole de l'UMP a assuré de son côté, qu'il préfère affronter une "polémique parce qu'on en fait
trop". "Je préfère qu'il y ait une polémique parce qu'on en fait trop qu'une polémique parce qu'on en fait pas assez", a-t-il souligné. Et de rappeler : "Notre pays a connu
notamment en matière sanitaire des polémiques, voire des condamnations - je pense au sang contaminé, un ministre condamné - parce qu'on en faisait pas
assez".
Le scandale du sang contaminé avait abouti en 1999 à la condamnation avec dispense de peine de l'ancien secrétaire d'Etat à la Santé Edmond Hervé. Des hémophiles avaient reçu dans
les années 80 des produits contaminés par le virus du sida.
Frédéric Lefebvre a également cité le cas de la "canicule" meurtrière de 2003, où le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin avait été accusé d'inaction en
faveur des personnes âgées.
"Je veux dire au gouvernement qu'à l'UMP nous soutenons la protection des Français et le fait qu'on ne prenne pas de risque", a également affirmé le porte-parole. Selon lui, il
s'agit d'un "débat malhonnête" et d'une "polémique gratuite" car le gouvernement avait décidé d'acheter les vaccins "au vu des rapports d'experts" qui préconisaient à l'époque
deux injections, alors qu'une seule s'est avérée désormais nécessaire.
"Je préfère être dans la peau d'un Français qui parce qu'il est bien protégé peut se permettre ensuite d'aider les autres que d'être dans la peau de tous ceux qui, au contraire
aujourd'hui, vont acheter des vaccins".
Sanofi prêt à renégocier son contrat
Le groupe pharmaceutique Sanofi s'est quant à lui déjà dit "disposé" à renégocier les conditions du contrat d'achat de vaccins avec la France. Pour l'heure, seule la moitié des 28 millions de doses commandées au
laboratoire ont été livrées. Le reste doit être livré début 2010. La négociation pourrait porter sur cette livraison.
La France a conclut des contrats avec les groupes GlaxoSmithKline (GSK), Novartis, Sanofi-Pasteur et Baxter. Elle a acheté 94 millions de doses de
vaccins en se basant sur un schéma vaccinal à deux doses et sur la vaccination des trois quarts de sa population (soit 47,7 millions de personnes). Pour la revente de dose, la
France est en concurrence avec l'Allemagne qui essaie elle aussi de se défaire de ses excédents en vendant à Kiev 2,2 millions des 50 millions de doses
commandées. Les Pays-Bas également, qui avaient commandé 34 millions de doses ont annoncé leur intention d'en revendre 19 millions.
(Nouvelobs.com)