Ils dorment à huit dans une cabine de cinq mètres carrés, gagnent l'équivalent de 150 euros pour un mois de travail sans jour de congé, ne sont souvent pas payés et subissent parfois des violences de la part de leurs employeurs. L'excellente émission d'enquête Cash Investigation est partie à la rencontre de ces travailleurs pauvres, qui récoltent les fruits, légumes et pêchent les poissons que nous trouvons dans nos supermarchés.
Ce mercredi 18 septembre, l'émission présentée par Elise Lucet a réuni 1,3 million de téléspectateurs en seconde partie de soirée, soit 9,7% des personnes présentes devant leur télévision.
L'émission pointe avec brio et pédagogie l'absence de transparence et de traçabilité des produits proposés par les grandes surfaces. On y voit Elise Lucet interpeller des représentants d'Intermarché (mais d'autres marques sont également citées, comme Carrefour et Auchan) sur les conditions moyenâgeuses dans lesquelles travaillent leurs fournisseurs.
Un paradoxe pour des grandes surfaces qui déclarent -lorsqu'elles acceptent de répondre aux interviews- ne pas être au courant, alors qu'elles se targuent de mener de multiples audits et reportings sur leur responsabilité sociale et environnementale, imprimés sur de jolies brochures en papier glacé.
Autre moment fort (et hallucinant) de l'émission, lorsque la commissaire européenne aux Affaires maritimes et à la Pêche admet face caméra ne pas pouvoir contrôler la provenance du poisson consommé dans l'Union européenne, et avoir conscience des dérives existantes. On voit en effet, au cours du reportage, des poissons pêchés au large de l'Afrique de l'ouest, puis déclarés d'origine coréenne.
L'émission pointe du doigt également les relations étroites entre les ONG qui ouvrent des programmes sociaux soutenus par des entreprises (notamment au Cameroun), mais qui semblent ensuite perdre leur esprit critique à l'égard de ces compagnies privées.
Le reportage souhaite avant tout interpeller le spectateur: continuera-t-on à acheter les bananes de la compagnie SCB, alors que les travailleurs agricoles qui les récoltent souffrent de problèmes de santé, certains ayant notamment perdu la vue?
Tandis que les grandes surfaces mettent en avant des prix de plus en plus bas, les journalistes de Cash Investigation nous interpellent: "à partir de quel prix commence l'exploitation?", avant de conclure: "si on parle de commerce équitable, c'est qu'il y a peut-être quelque part un commerce inéquitable."
Une émission passionnante, qui a su, comme lors de ses précédents numéros, s'adresser à l'intelligence des téléspectateurs et interroger avec pertinence et sans idéologie la responsabilité, et surtout l'irresponsabilité des entreprises.
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Il y en a beaucoup !