Pour Yoann, le dilemme n'a pas été difficile à trancher. « Je n'ai pas de voiture et mes amis ne sont pas disponibles dans la journée. Pas question de faire appel à un déménageur pour si peu de meubles. Et louer une camionnette, c'était galère. Il me restait la solution du déménagement à vélo évoquée dans un mensuel gratuit. »
Jérôme et Antoine se sont lancés voici deux ans en créant leur petite entreprise Travert courses (Transport rennais alternatif vert) sur le créneau des courses rapides, la livraison de colis express et l'enlèvement des encombrants. « Mais comme j'avais travaillé à Montréal dans la société Myette spécialisée dans les déménagements à vélo, j'ai décidé d'étoffer notre activité en proposant ce nouveau service financièrement accessible à tous et surtout écolo : juste de l'huile de coude et la force du jarret. » C'est d'ailleurs ce qui a fait tilter Yoann avec le côté humain : « on se donne un coup de main. C'est plus sympa ». Il a fallu investir dans deux VTT de montagne avec sept pignons et trois plateaux. « Indispensable pour redémarrer aux feux. » Et des plates-formes pouvant supporter 300 kg.
Rigueur et méthode, tels sont les mots clés pour l'éco-déménageur. Il faut d'abord sortir les pièces les plus lourdes et les plus encombrantes pour les déposer en premier sur la plate-forme. « Une question d'équilibre et de sécurité. » Ensuite viennent les pièces légères. « La difficulté, c'est d'utiliser au mieux un aussi petit espace. » À l'aide de sangles de levage, la machine à laver trouve sa place en un rien de temps, puis viennent le réfrigérateur, un meuble et le socle du canapé. À l'aide de sandows et de sangles, le tout est arrimé solidement pour éviter tout désagrément.
Les voisins n'en perdent pas une miette. Bouche bée, Paulette regarde la scène de sa fenêtre. Suzanne qui passe par là y va de son commentaire : « Cela donne du travail à des jeunes et cela a des avantages : c'est ingénieux, économe et écolo. » Pour Anne, une voisine, « c'est dans l'air du temps ».
Une remarque partagée par Antoine. « La culture de l'effort tend à disparaître. On choisit trop souvent la facilité et on a tendance à prendre sa voiture systématiquement. Notre initiative prouve qu'on peut faire autrement. À part les volumes démesurés et le piano à queue, on ne s'interdit rien dans un rayon d'une dizaine de de kilomètres. »
http://www.entreprises.ouest-france.fr/node/20078
Antoine : 06.83.514.427